Nous recevons aujourd’hui Jean-Yves Jézéquel, thérapeute à la retraite, mais aussi écrivain à la plume d’or.

Bonsoir Jean-Yves. Peux-tu nous présenter le métier que tu as exercé ?

Le métier que j’ai exercé dans ma vie « professionnelle », est celui de psychologue clinicien avec une spécialisation en psycho oncologie.

Mon activité s’est exercée sur trois secteurs différents :

1 – L’hôpital où je travaillais avec les malades du cancer

2 – Le cabinet privé où je recevais mes patients, adultes et s’adressant à moi pour des causes très variées

3 – Les lieux aménagés pour des thérapies de groupe

J’ai pratiqué essentiellement l’introspection analytique par les thérapies émotionnelles, les états modifiés de la conscience ordinaire, les psychothérapies transpersonnelles, la sophrologie analytique par une technique d’hyperventilation, l’EMDR.

J’ai publié des articles dans les revues spécialisées sur le rapport entre la vie intrapsychique et les pathologies du cancer, un ouvrage de synthèse sur le travail et les observations faites en psycho oncologie : « La face cachée des pathologies du cancer » et un traité de pratique psychothérapeutique, « Une psychanalyse transfonctionnelle par la médiation souffle, voix, son, musique, EMDR ».

Titulaire d’un doctorat en théologie, j’ai publié une trentaine d’essais dans le domaine de la spiritualité, de la philosophie et de la psychologie des profondeurs, ainsi que des essais de réflexions politiques et sociologiques en relation avec la théologie de la libération. J’ai animé également de nombreuses conférences sur tous ces thèmes.

Qu’est-ce qui t’a motivé à emprunter cette voie ? Quelles étaient tes ambitions ?

Ce n’est pas une question d’ambition, c’est une question de disposition, de connivence naturelle et de cohérence personnelle. C’est un vécu existentiel qui m’a conduit vers une expérience de sublimation à l’âge de 16 ans. Cette expérience de sublimation a motivé une recherche approfondie de ma part, pour un entendement de ce qu’était le sens de la vie, l’éveil supérieur d’une conscience sacralisée… Cette expérience m’a donc poussé vers la philosophie pour y trouver les réponses à mes questions, puis vers la théologie pour y trouver encore d’autres réponses à d’autres questions, puis vers la psychologie pour y trouver encore des réponses à de nombreuses questions toujours non résolues sur la profondeur et la complexité de l’intrapsychique humain et la métamorphose progressive possible de son âme et de ses symboles …

Qu’aimais-tu dans ce métier, qui t’a rendu heureux de l’avoir choisi et pratiqué ?

C’est l’expérience de la personne humaine en tant que telle.

Le travail du psy démontre qu’il n’est possible de comprendre la parole intime de quelqu’un, que s’il est capable d’entendre symboliquement ce qui résonne dans son récit. C’est alors que le psy peut déchiffrer ce qui s’est réellement passé dans la vie de cette personne qui est venue lui parler.

En fait, le travail du psy c’est tout d’abord une manière d’écouter, une façon particulière d’écouter et d’entendre ce qui n’est pas dit au premier degré mais qu’il peut comprendre au second degré. Quand un psy écoute le récit que lui fait une personne, il entend à travers ces mots un autre sens et une autre histoire que ce qui paraît au premier abord. C’est pourquoi il doit être un expert en empathie.

Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées dans votre quotidien ? As-tu connu des désillusions ?

Mon métier a toujours été passionnant ; je n’ai jamais connu une désillusion quelconque. Les seules difficultés que j’ai rencontrées dans la pratique de ma profession venaient de l’extérieur de ma profession et très précisément des contraintes administratives qui polluaient ma pratique, comme toutes les sortes d’obligations fiscales, cotisations, qui n’allaient que dans un sens et n’avaient donc pas la signification d’une « solidarité » qui aurait rendu ces contraintes acceptables et naturelles…

Que penses-tu qui pourrait être fait pour y remédier ?

L’abolition pure et simple de la logique ultra libérale qui vient se loger dans les rapports humains en prétendant avoir le droit de s’imposer à eux tout en faisant ainsi d’une pratique, qui concerne purement l’humain, une question de mercantilisme servile !

Quel est ton ressenti actuel concernant ton métier ?

Il y a depuis les lois Accoyer, à l’époque Sarkozy, une volonté de main mise du pouvoir sur un champ de compétence qu’il n’a aucun moyen de juger. La volonté acharnée de contrôle sur tous les secteurs du vivant est un signe particulièrement inquiétant de la part d’un pouvoir qui n’a ni ce rôle, ni les moyens raisonnables d’appliquer cette prétention hors limites…

Que dirais-tu à l’enfant que tu étais, si tu te trouvais face à lui ?

Que le temps de l’enfance est celui qui prépare les conditions de son vécu existentiel futur. Que « la maturité de l’homme devenu adulte, c’est quand il a retrouvé le sérieux qu’il avait au jeu quand il était enfant » (Nietzsche)

Quel message souhaites-tu transmettre à ceux qui te lisent ?

On ne peut rien savoir d’important sur ce qui se passe à l’extérieur de soi si l’on ne sait rien de l’importance de ce qui se passe à l’intérieur de soi. La connaissance de son sous-sol mental est la condition sine qua non d’une conscience éveillée et partant de tous ses liens et rapports avec son environnement immédiat y compris humain…

La connaissance de soi est primordiale. L’expérience de cette connaissance est indispensable à travers l’implication de son existence. La conscience qui en jaillit est le but évolutif de sa nature vivante comprenant peu à peu le sens de son lien au Tout de l’Univers Un et multiple à la fois…

Un énorme merci à toi pour ce témoignage, Jean-Yves !

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